catastrophe
Juil 26, 2019

Catastrophe | L’interview exclusive

Immédiatement après leur vol Paris-Berlin et avant leur passage au Fusion FestivalCatastrophe nous accorde une interview exclusive. Les membres du groupe, qui se décrivent plus comme des interprètes que comme des musiciens, nous racontent leur projet, improvisent et surtout nous emmènent dans leur monde. Amusez-vous bien !

Pouvez-vous vous présenter brièvement, vous et votre idée ?

Nous nous appelons Catastrophe et notre groupe est composé de six membres. En général, nous essayons de réaliser des choses et des projets que nous trouvons passionnants et qui nous inspirent. Nous travaillons à travers les genres, musicalement, théâtralement, visuellement et sans frontières. Nous n’avons pas de « philosophie » en soi, mais nous essayons d’être aussi imprévisibles et surprenants que possible. En général, on pourrait dire que « l’imprévisibilité » joue un rôle très important pour nous. Nous essayons de surprendre notre public et nous-mêmes encore et encore, d’être aussi libres et alertes que possible tout en restant fidèles à la musique pop, c’est-à-dire, malgré notre approche très éclectique, nous essayons de rester accessibles. Nous pensons moins en catégories, ce qui nous attire vraiment, ce sont les idées. Nous essayons de créer des choses qui n’ont jamais existé auparavant ou qui n’ont jamais été faites d’une certaine manière. Nous voulons explorer les choses.

Cela signifie-t-il que vous vous voyez d’abord et avant tout comme des musiciens plutôt que comme des interprètes ?

Ouais, définitivement. Nous nous considérons plus comme un collectif d’artistes que comme un groupe, avec notre public, nous créons des moments que vous n’auriez pas imaginé. Nous ne jouons pas des concerts où vous savez déjà ce qui se passe, nous créons des performances. L’idée de la performance inclut aussi le physique, sur lequel nous mettons l’accent. Nous dansons, nous essayons de franchir les frontières. Dans le cadre d’un concert, les personnes les plus diverses se réunissent toujours, avec ces personnes, nous voulons créer et vivre quelque chose de bizarre et de surprenant.

Comment transférez-vous cette énergie au studio ?

C’est une très bonne question, qui nous préoccupe particulièrement en ce moment. Nous avons enregistré le premier album en studio et l’avons ensuite joué devant un public. Puis nous avons remarqué qu’il y avait beaucoup de possibilités intéressantes et prometteuses pendant les concerts, surtout sur le plan musical. C’est donc l’inverse sur le deuxième album : nous enregistrons les chansons pendant que nous les jouons en direct, puis nous enregistrons ce qui marche le mieux pour le public, ce qui le fait rire, danser, etc. sur l’album. Ce qui est vraiment intéressant, c’est ce qui va au-delà des notes et se passe derrière les structures. A chacun de nos concerts, il se passe toujours quelque chose de mystérieux, de difficile à saisir, d’invisible, mais c’est exactement ce qui est intéressant et nous essayons de l’enregistrer, nous pourchassons littéralement ces moments. Nous sommes de vrais chasseurs (rires).

Le message véhiculé par vos paroles joue un rôle important dans votre musique, comment vous adaptez-vous à un public qui ne comprend pas le français, et de quelles autres façons tentez-vous de transmettre votre vision du monde ?

Nous adaptons, nous réécrivons nos textes, nous chantons quelques passages dans la langue nationale respective. Au Japon, par exemple, nous avons eu l’interprétation simultanée, ce qui était très bien. Nous avons amené quelqu’un du public sur scène pour faire traduire directement nos paroles, et quelque chose de très intéressant, presque poétique, en est ressorti.
Nous commençons toujours nos concerts en interrogeant les gens sur leurs plus grandes peurs, que nous lisons ensuite et transformons en quelque chose de nouveau et d’actif. Au Japon, nous avons traduit les plus grandes peurs en français, ce qui a fait perdre certaines significations, perdues dans la traduction, pour ainsi dire, mais c’était aussi agréable, parce que vous ne compreniez pas tout directement et aussi parce que certaines choses restaient dans l’ombre. Bien sûr, il y avait aussi des choses en français que vous ne pouviez pas traduire, mais ce n’est pas mal, ça crée une nouvelle dimension.

Est-il important pour vous de faire connaître votre musique et votre vision artistique hors de France ?

C’est essentiel pour nous. Parce que nous avons l’impression que ce que nous faisons n’est pas forcément typiquement français. Cet élément performatif, transdisciplinaire, que l’on n’associe pas forcément à la culture française. En matière d’humour, d’absurdité, on a tendance à se tourner vers l’anglo-saxon, et on utilise aussi des éléments soul et gospel. Nous avons aussi une jolie approche américaine dans nos chorégraphies, qui ont même une touche musicale. La chose universelle qui nous relie est l’énergie. C’est pourquoi nous dansons et jouons autant sur scène, parce que c’est vraiment un langage universel.
Mais le public en Angleterre comprenait directement notre humour anglais, les gens comprenaient directement ce qui se passait. L’humour fonctionne mieux dans certains endroits que dans d’autres. En termes de couleurs également, la réaction varie d’un pays à l’autre. Nos couleurs, par exemple, ont directement séduit les japonais. Cela montre que les différents éléments de notre performance dans les différents pays ont une valeur différente, voyons ce qui se passera demain !

Avez-vous un rituel particulier avant de monter sur scène ?

Oui, mais nous ne pouvons pas entrer dans les détails, car tout le processus doit bien sûr rester secret. Dans l’ensemble, nous créons ensemble un faisceau d’énergie et grâce à nos costumes, qui ont tous une couleur différente, nous obtenons une nouvelle couleur, inexistante. C’est de là que nous puisons notre énergie, que nous transportons sur scène. Ce sont surtout les couleurs qui jouent un grand rôle pour nous, car nous ne formons pas un groupe homogène, chacun d’entre nous porte sa propre couleur et cela souligne les individus et les personnalités. Dans notre prochain projet, nous voulons développer encore davantage ces rôles individuels, malheureusement, nous ne sommes pas encore autorisés à en révéler davantage.

Merci Catastrophe !