Reeperbahn Festival 2022 | Les artistes « made in France » de cette année
Du 21 au 24 septembre 2022, se tiendra le Reeperbahn Festival avec une programmation variée, composée de nouveaux talents internationaux. Des événements de toutes sortes attendent les fans, les journalistes et les visiteurs professionnels dans les nombreux lieux qui participent à l’événement. Depuis ses débuts en 2006, le Reeperbahn Festival est devenu l’un des principaux points de rencontre du monde de la musique et montre comment il est possible de proposer une programmation musicale combinant les intérêts de la filière musicale et l’engagement de la société civile.
16 concerts et showcases d’artistes « made in France » auront également lieu, ainsi que la projection de deux films français pour la première fois en Allemagne. Nous avons déjà précédemment parlé de certains d’entre eux dans notre épisode podcast de septembre.
Mercredi
Sa musique est une danse sur les claviers, qui va d’impulsions douces à des staccatos insensés, et qui est capable d’évoquer aussi bien la nostalgie que des sentiments d’absence de limites. Koki Nakano y parvient plus que jamais sur son album Oceanic Feeling, sorti cette année, qui associe un design harmonique post-minimaliste à du jazz de chambre et à un geste volontairement flou sur le plan émotionnel. Selon l’humeur et l’environnement, le langage sonore de Nakano déclenche ainsi des réactions multiples chez ceux qui écoutent attentivement.
Deux ans à peine après son premier signe de vie musical sur la toile, le single « My World So Blue », Anaïs est en passe de faire valoir ses propres exigences en matière de musique pop en provenance d’Allemagne : sonner de manière accrocheuse et entraînante, agir de manière moderne et autonome sans se perdre dans l’arbitraire. Des valeurs de production exceptionnelles, un timbre clair comme du cristal et des arrangements contemporains entre pop électronique, downtempo et doux accents de soul rendent cela possible. On pourra entendre la chanteuse une deuxième fois jeudi.
Ladaniva réunit des influences du monde entier pour créer des tableaux rythmiques qui parlent d’entente et de communauté, mais aussi de la beauté de toutes les cultures du monde. C’est précisément cette diversité qui imprègne des chansons comme « Vay Aman » ou « Kef Chilini », avec lesquelles le duo a rapidement cumulé des millions de diffusions sur les plateformes digitales. En Arménie, en France et dans le sud de l’Europe, Ladaniva s’est forgé une communauté de fans fidèles au cours des deux dernières années et a donné des concerts dans tous les cadres possibles – toits d’immeubles, bars de plage, clubs ou parcs.
Dès le début de leur travail créatif, les QuinzeQuinze montrent de manière phénoménale à quel point les formes d’expression humaines peuvent être riches et illimitées. Leur premier E.P, Nevaneva, annonçait déjà clairement les intentions du quintette avec un court-métrage du même nom et des qualités musicales et visuelles spectaculaires : faire tomber la réalité et l’ivresse, le trip et le rêve l’un dans l’autre, à tous les niveaux de perception. Une musique totalement inédite, à la fois jeune, moderne et dotée d’une conscience critique.
Avec son electro-funk oriental du nord de la France, qui transcende sans problème toutes les frontières culturelles et s’inspire aussi bien des gammes arabes que des beats techno – Taxi Kebab a trouvé une formule à travers laquelle il lance avec verve ce grand écart stylistique à quatre dimensions sur la scène. Ultra-dansant, Taxi Kebab change de piste entre l’electropop, le funk, la house et les influences arabes de Fairuz et des frères Rahbani à Omar Souleyman, sans jamais se tromper de chemin.
Jeudi
Il suffit parfois d’une idée saugrenue lors d’une fête d’anniversaire et d’une guitare cassée qui traîne par hasard pour donner naissance à l’un des projets les plus intéressants d’un pays. C’est exactement ce qu’ont fait Gil Landau et Yael Shoshana Cohen. Leur dernier album Someday Tomorrow Maybe (2020) démontre de manière impressionnante que le style légèrement psychédélique des années 60 de Lola Marsh laisse beaucoup de place aux influences de la synthpop et de l’indie-folk, qui s’intègrent impeccablement à leur concept global qui s’avère des plus accrocheurs.
Avec son nom inspiré de la mixtape de Frank Ocean « Nostalgia, Ultra », un son influencé par son grand-père espagnol, les icônes de la chanson des années 60 et sa présence scénique soulignée par une force de caractère unique – November Ultra est une chanteuse comme il n’en existe qu’une par décennie et ce, dans le meilleur des cas. L’art a toujours entouré et imprégné sa vie, comme on peut l’entendre dans chaque syllabe de son premier album, parucette année, Bedroom Walls.
Produit de manière froide et limpide, le son de Lydsten a la nature majestueuse de la Scandinavie profondément tatouée dans son ADN musical – ce qui est également clair dans son nom, qui signifie « pierre sonore » en danois. D’une part, Lydsten construit des rythmes techno extrêmement accrocheurs à partir d’échantillons futuristes, qui travaillent également avec des breakbeats et poursuivent des mélodies comme des rêves de nuit d’été. A l’image des dernières heures du matin d’une rave sur une plage isolée de la mer du Nord ou encore la musique d’accompagnement d’un trajet en ascenseur vers la lune.
Sous le nom de French 79, Simon Henner fait depuis quelques années déjà de la house progressive exquise, qui intègre des éléments d’electropop et de synthwave, qu’il combine en un tout dansant. Depuis ses deux premiers albums Olympic (2016) et Joshua (2019), jusqu’à son dernier banger « 4807 », le style du Français a toujours évolué sans jamais compromettre les valeurs de production somptueuses qui attirent les foules de toute la planète à ses concerts.
Les Tapeworms ont sans aucun doute un plaisir illimité à expérimenter. Ainsi, Margot, Théo et Eliott transforment les failles de leurs biographies personnelles, qui conduisent souvent à la résignation chez d’autres, en énergie créative et canalisent le tout dans un mélange de styles furieux et sans précédent. Ce qui sonne comme un mélange sauvage et effiloché l’est en effet – et pourtant, sur leur premier album Funtastic (2020), les Tapeworms trouvent le moyen de façonner toutes leurs influences en un ensemble cohérent, voire estival par endroits.
Le kuduro et le rap, la samba-soul et le moombahton sont les premières influences qui marquent le style d’Engrácia Domingues. Dès lors, elle se fait appeler Pongo, en hommage à une chanteuse féministe de la région frontalière entre l’Angola et le Congo, décédée en 1990. C’est sous cet alias qu’elle commence à concevoir un mix énergique pour les clubs et les festivals, qui allie danses extatiques et saillies de rap acérées, qui, depuis trois ans maintenant, provoque des nuits de fête baignées de sueur, aussi bien dans le sud de l’Europe que dans notre pays.
Gabriel Renault et Antoine Talon sont des alchimistes et des technologues qui se consacrent à l’expérimentation musicale en direct, mais aussi aux bases de la machine. Sous le nom d’ATOEM, ils conçoivent des productions aux dimensions quasiment cinématographiques, qui se diffusent les unes dans les autres aux frontières de la techno ambiante, de la tech-house française et de la dramaturgie synthpop suave. ATOEM est désormais célèbre pour ses concerts audiovisuels à la fois futuristes et résolument contemporains. Impossible de les oublier.
Le nom du groupe Temps Calme n’est pas la seule antithèse d’un présent qui glisse sans frein vers la catastrophe. Le son du trio français utilise lui aussi une palette sonore éprouvée pour s’opposer à la folie de notre époque – électronique progressive, krautrock, pop psychédélique et expérimentations tonales provenant de toutes sortes de directions inattendues qui dessinent un cinéma mental dans lequel ce groupe intègre encore et encore de nouveaux scénarios, d’autres décors, des images inhabituelles – parfois rêveuses, mais parfois aussi très lucides.
Vendredi
Légère comme une gazelle, Amina Cadelli mélange des styles musicaux de différents continents et de différentes époques pour créer un langage sonore qui lui est propre depuis ses débuts. Sous le nom de Flèche Love, cette chanteuse et danseuse aux multiples talents s’est déjà forgée une réputation de nouvelle venue très expérimentale parmi les passionnés d’art pop et de R’n’B modernes, qui n’accordent aucune importance aux conventions. Mais ce n’est qu’après avoir écouté des morceaux comme « Umusuna » ou « Bruja » et vu les vidéos qui les accompagnent, que l’on comprend vraiment le niveau auquel cette femme ouvre de nouvelles voies artistiques.
Samedi
C’est un amour profond pour la pop psychédélique orientale des années 1960 et 1970 qui a poussé Thomas Bellier à créer Al-Qasar. Conçu et réalisé de manière transculturelle, leur premier album,baptisé Who Are We ?, est un miroir des sociétés modernes, dans lesquelles la musique et l’art en général sont issus d’un amalgame de traditions les plus diverses – et où ils grandissent et s’épanouissent. Un super groupe sur la ligne de départ.
Signé sur le label français Decca records, YellowStraps a été fondé à Bruxelles par les frères Yvan et Alban Murenzi et représente un projet néo-soul moderne qui colle à la peau et qui est fièrement soutenu par la scène rap belge (Romeo Elvis, Le Motel, L’Or du Commun, etc.) depuis la première heure. Le format berlinois Colors fait également partie des soutiens d’origine de YellowStraps. Avec la sortie prochaine d’un nouveauprojet, le duo se transforme en solo (Alban part, Yvan reste) et élargit son orientation musicale sans renier son ADN originel.